Il est une autre corrida emblématique, celle qui se déroule à Madrid fin juin, bouclant le cycle de la San Isidro : La BENEFICENCIA qui, comme
son nom l’indique, est en faveur d’œuvres caritatives. Cette bienfaisance fut initiée par Felipe IV au XVII éme siècle en raison des difficultés financières de l’Hôpital Général
d’Atocha : la recette des festivals taurins serait entièrement en faveur des œuvres de charité. Plus tard ce fut seulement la corrida dite de « La Beneficencia » qui joua le rôle associatif.
Ce jour-la la loge royale est particulièrement décorée, l’effervescence est à son comble pour recevoir les illustres invités. Le no hay billete est de rigueur. Le roi est sa famille sont là,
je me souviens de la mère de Juan Carlos, la comtesse de Barcelone, présente jusqu’à un âge avancé et d’une afición débordante (la famille royale soutient les traditions taurines).
Je ne résiste pas à vous conter une anecdote que le grand torero Miguel Arroyo Joselito nous fait partager dans son livre « Joselito le vrai » ayant des opinions aussi rouges que sa muleta, avait à
plusieurs reprises préféré brinder son toros à ses amis plutôt qu’à Sa Majesté. Un jour, en effet, ses amis El Fundi et El Bote présents sur les gradins et affectés de blessures récentes
se firent dédiés chacun un toro alors que le roi était présent. Un jour de Beneficencia, le roi absent de la plaza, d’aucun s’écrièrent que c’était à cause de Joselito. Ce dernier pensa
seulement que le souverain avait des obligations plus importantes ce jour-lá et l’Infante Elena le représenta. Notre matador, ignorant le protocole et ne sachant comment s’adresser à la fille du roi, l’embrassa sur
les deux joues, au lieu de lui donner du madame et tout le tralala… Elle prit ça avec naturel et beaucoup de sympathie au grand dam des politiciens qui levèrent les bras au ciel, surtout ceux de gauches, dixit Joselito. Comme quoi
les politiques nous surprennent toujours…
Aujourd’hui 1er juin 2016 Las Ventas est remplie jusqu’aux étagères. Dans le Patio de Caballos les toreros se concentrent. L’enjeu
est important, l’heure est grave… De sa loge royale le vieux souverain salue la foule qui l’acclame (quoi de meilleur pour le soutien à notre passion commune ?). L’hymne espagnol retentit.
Nous allons assister à
une corrida historique ont écrit les chroniqueurs taurins. En effet, devant des Victorianos del Rio de qualité nos trois maestros vont nous régaler de leur art, avec chacun leur propre personnalité, ce qui est l’apanage des
toreros de ce niveau.
D’abord Sébastien Castella qui, malgré son 4ème paseo à Las Ventas, ne parviendra pas à couper les oreilles de ses adversaires pour cause de conclusion
inachevée… Décidément injuste après le traitement qu’on lui infligea devant les Adolfo Martin qu’il avait accepté de toréer (ce que ne font pas souvent les figuras).
Jose-Mari
Manzanares va nous conduire dans des sentiers dont lui seul a les secrets et Madrid en transe va réclamer la queue ! Les deux oreilles rapidement accordées par la présidence conquise vont déclencher des larmes d’émotion.
Puis le jeune Alberto Lopez-Simon, complétant ce cartel de luxe, entre en scène. Après une puerta gayola et un capote prometteur il va nous entrainer dans une démonstration toute en lenteur
et en douceur… Après ce chef d’œuvre il pourra s’adonner à des adornos car il sait qu’il va s’offrir la 4ème Grande Porte à Madrid…